Le président de la transition a profité du dernier conseil des ministres, pour renouveler sa confiance à son gouvernement. Une manière de conférer ainsi son impérium au Premier ministre Dr Bernard Goumou, tout en faisant un pied de nez à l’opinion, qui fulminait contre les ministres, allant jusqu’à exiger leurs têtes dans un bocal. Le colonel Mamadi Doumbouya vient de lever in fine le suspense sur l’éventualité du remaniement ministériel, en sauvant la mise à son gouvernement.
Le remaniement ministériel ne sera pas pour demain. C’est du
moins ce que vient de confirmer le chef de l’État, à travers sa motion de
confiance accordée à son gouvernement. Qui s’en tire ainsi les braies nettes,
face à l’hostilité de plus en plus grandissante d’une opinion publique, devenue
très exigeante vis-à-vis des dirigeants. Le grand chamboulement tant attendu a
été donc renvoyé à la saint glin-glin.
On ne pourrait être plus royaliste que le roi. Les citoyens
ont beau pousser des cris d’orfraie contre ses ministres, le dernier mot lui
revient, en tant que chef de l’exécutif. Et principal comptable devant le
peuple de Guinée.
En allant à rebours des contempteurs du gouvernement, le
président vient sauver la mise à ses collaborateurs, dont la plupart sont
caricaturés à l’envi dans le landerneau. A part ceux qui sortent du lot des «
proscrits », se comptant d’ailleurs sur les doigts d’une main, le gros du
troupeau, y compris le chef du gouvernement étaient frappés du sceau de
l’infamie. Et considérés à tort ou à raison comme étant sur des sièges
éjectables.
Au final, le suspense qui planait sur un éventuel
remaniement ministériel a été levé par le président. Qui a profité du dernier
conseil ordinaire des ministres pour trancher dans le vif, en renouvelant sa
confiance à l’équipe de Bernard Goumou. À la grande déception des indignés.
Comme pour que « le chien aboie, la caravane passe ». Donnant une nouvelle
chance à la caravane du Dr Bernard Goumou, de poursuivre son petit bonhomme de
chemin. Bon an mal an. N’en déplaise à leurs contempteurs qui ne peuvent que
faire grise mine. Là où les ministres rient sous cape. En leur lançant in
petto, cette boutade très prisée dans la cité « Pé tu n’as pas aimé ».
Cette prise de position du colonel, en faveur de son gouvernement
contre l’opinion, relève d’un classique dans la gestion de l’État guinéen. Ses
prédécesseurs, dont Conté et Condé avaient aussi la manie d’aller à
contre-courant de l’avis de leurs compatriotes.
Il était ainsi de bon ton d’être honni de l’opinion sous
Lansana et sous Alpha. Car cela pourrait vous assurer la longévité à votre
poste. Comme pour dire qu’aux yeux de nos présidents, l’avis du peuple compte
pour du beurre.
Mamadou Dian Baldé