Trois journalistes rwandais détenus depuis quatre ans et poursuivis notamment pour avoir diffusé de fausses informations, ont été acquittés mercredi dans une procédure que les associations de défense des droits de l'homme ont qualifié de "simulacre".
Les trois journalistes : Damascene Mutuyimana, Shadrack
Niyonsenga et Jean Baptiste Nshimiyima, avaient été arrêtés en octobre 2018
lors d'une campagne de répression contre les YouTubers critiques du
gouvernement du président Paul Kagamé.
Le trio, qui travaillait pour Iwacu TV - une chaîne Youtube
- était poursuivi notamment pour avoir, selon l'accusation, incité à
l'insurrection et avoir diffusé de fausses informations.
Mais un tribunal de la capitale Kigali les a acquittés
mercredi, affirmant que les procureurs n'avaient « pas apporté
suffisamment de preuves à charge ». En conséquence, les trois journalistes
« doivent être relâchés », selon le verdict des trois juges.
Jean-Paul Ibambe, avocat des journalistes, qui n'étaient pas
présents au tribunal au moment du verdict, a déclaré à l'AFP accueillir
"avec bonheur" cet acquittement.
« Le soulagement de l'acquittement des trois
journalistes est éclipsé par l'échec du tribunal à arrêter plus tôt ce
simulacre de procès », a réagi Lewis Mudge, directeur de Human Rights
Watch pour l'Afrique centrale.
Même si les journalistes ont été acquittés, la détention
"enverra un message effrayant à ceux qui osent exercer leur droit à la
liberté d'expression au Rwanda", a poursuivi M. Mudge.
Le Rwanda, dirigé d’une main de fer par Paul Kagame depuis
la fin du génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts du côté des Tutsis et des
Hutus modérés selon l'ONU, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la
liberté d'expression, les critiques et l'opposition politique.
Dieudonné Niyonsenga, dont la chaîne YouTube Ishema TV avait
accumulé plus de 15 millions de vues, avait été condamné en novembre 2021 à
sept ans de prison après avoir été reconnu coupable de quatre chefs
d'accusation, notamment de faux, d'usurpation d'identité. Il était connu pour
critiquer le gouvernement.
Une autre figure populaire sur Youtube et survivante du
génocide, Yvonne Idamange, avait été condamnée à 15 ans de prison en septembre
2021 pour avoir "incité à la violence".
Le pays de la région des Grands lacs occupe le 136e rang sur
180 pays dans le classement du Reporters sans frontières sur la liberté de la
presse.
Par Agence France Presse