Santé des détenus politiques : Haro sur le ministère de la Justice !

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  • 05 mai 2021 11:09

  • Politique

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Un simple petit jeu ! C’est à cela que le ministère de la justice semble réduire sa communication sur l’état de santé de certains détenus politiques. A coups de communiqués confus et de démentis peu convaincants, il réplique à leurs familles et avocats. Laissant davantage perplexes et indignés de nombreux Guinéens qui se demandent à quelle justice à vouer. Notre éditorial du jour en dit long.

On pourrait parler de mésaventure carcérale sur fond de polémique sanitaire. Une polémique dont le principal animateur reste le ministère de la Justice. Qui se dresse sur ses ergots à la moindre information faisant état de soucis de santé de l’un des actuels détenus politiques.

C’est comme si le département de Maitre Mory Doumbouya, cherchait à se défausser des tirs croisés des avocats, des défenseurs des droits de l’homme, de l’opposition et d’une frange de l’opinion.  L’inquiétude et la stupeur grandissent chez les observateurs face à une justice guinéenne qui laisse ces personnalités politiques croupir à la Maison centrale depuis six mois. Sans liberté provisoire ni jugement.

Effarouché par l’annonce de l’hospitalisation de l’ex-député de l’UFDG, le ministère de la Justice, à travers un communiqué de son Service de presse, a démenti ce mardi son placement sous soins intensifs. Citation : « Cette présence de M. Ousmane Gaoual Diallo dans une cabine située au sein des services des urgences n’est nullement liée à son état de santé, mais s’explique plutôt par la nécessité de lui trouver un cadre convenable et approprié pour son suivi médical », marmonne le ministère de la justice.

Cette sortie est inopportune voire vaine, puisqu’après tout, elle confirme manifestement l’admission du responsable de la communication de l’UFDG dans une structure hospitalière. Où il peut être soumis à un suivi médical dans une cabine climatisée ou à des soins intensifs en salle de réveil. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait aussi rué dans les brancards pour démentir la femme de Chérif Bah, hospitalisé depuis plusieurs semaines.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette avalanche de démentis est fortement contreproductive. D’autant que le ministère de la justice tente généralement de noyer le poisson. Sans jamais réussir à démentir l’hospitalisation des concernés. N’en déplaise à l’équipe de Me Mory Doumbouya, les conditions lugubres des prisons guinéennes exposent déjà tout détenu à la maladie. A plus forte raison, quand s’en suit une hospitalisation, pour une maladie bénigne ou grave. Le tout, alors que l’opinion reste sidérée par la récente mort de détenus politiques ou non, tantôt à la maison centrale tantôt à l’hôpital.

Après la piteuse querelle sémantique créée autour du statut de ces détenus politiques, voilà donc le temps de la négation systématique, misérablement opposée aux nouvelles d’hospitalisation ou d’aggravation de l’état de santé des compagnons de Chérif Bah.

Déjà englué dans une grosse crise avec les huissiers et le barreau de Guinée, qu’il gère avec beaucoup d’à peu-près, le ministre de la Justice devrait donc mettre un terme à cette rhétorique médicale et contre-médicale. Surtout quand l’avocat qu’il est, doit porter ce malencontreux exercice contre d’autres avocats, qui ne font que leur travail. C’est-à-dire défendre des détenus politiques, réellement voire gravement malades.

Hélas, depuis six mois, au mépris de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice, ces pères de familles sont emprisonnés, sans possibilité d’être jugés ou de bénéficier d’une liberté provisoire. Puisque, au moins, en attendant leur jugement, aucun de ces détenus politiques n’a l’air de quelqu’un qui prendrait la poudre d’escampette. Alors, libérez ou jugez-les !

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