La justice sénégalaise a auditionné jeudi 14 avril à Dakar la femme qui
accuse de viols le principal leader de l’opposition. Retour sur une affaire qui
avait embrasé le pays.
Adji Sarr, l’accusatrice
d’Ousmane Sonko, est arrivée jeudi matin au palais de justice de Dakar dans le
cadre d’une confrontation avec Ndèye Khady Ndiaye, la gérante du salon de
beauté où elle était employée comme masseuse, selon des images diffusées par la
télévision privée TFM et sur les réseaux sociaux.
Confrontation
On ignorait jeudi en fin de
journée si l’audition avait ou non pris fin. Et aucune information n’avait
filtré sur la rencontre, à laquelle Adji Sarr s’est présentée en compagnie de
l’un de ses avocats, El Hadji Diouf. « Je dis oui au procès », a-t-elle déclaré
laconiquement, avant d’entrer dans le tribunal, ovationnée par des manifestants
réclamant « justice pour Adji Sarr ».
C’est au moins la deuxième
audition d’Adji Sarr, déjà entendue en mars 2021. La jeune femme âgée d’une
vingtaine d’années affirme avoir été plusieurs fois violée dans ce salon de
Dakar par Ousmane Sonko, qui a déclaré y être souvent allé se faire masser pour
soulager un mal de dos.
La confrontation a été organisée
par le nouveau juge d’instruction du tribunal de Dakar, Oumar Maham Diallo, qui
a succédé à Samba Sall, décédé en avril 2021. Ousmane Sonko a été inculpé en
mars de la même année pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle
judiciaire à l’issue de la plainte déposée en février 2021 par Adji Sarr.
Spéculations
Le leader de l’opposition, arrivé
troisième à la présidentielle de 2019, dénonce un « complot » pour torpiller sa
candidature à la magistrature suprême en 2024. Le camp de Macky Sall, lui,
réfute toute instrumentalisation de la justice.
Les spéculations vont bon train
sur la potentielle participation du président sortant au scrutin en vue d’un
troisième mandat. Le chef de l’État, élu au second tour en 2012 face à
Abdoulaye Wade et réélu en 2019, entretient le flou sur ses intentions.
L’interpellation d’Ousmane Sonko
en mars 2021, alors qu’il répondait à une convocation de la justice dans cette
affaire, avait déclenché les pires troubles qu’ait connus ces dernières années
ce pays réputé pour être un rare îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest. Au
moins treize personnes avaient été tuées.
JA