Les négociations imposées par la signature de l’accord-cadre du 25 mars 2002 avancent à petits pas entre Rio Tinto et Winning Consortium Simandou (WCS), ont indiqué plusieurs sources à WESTAF MINING. Les stratégies des deux entreprises diffèrent et des lenteurs sont constatées par endroits.
Selon nos sources, WCS veut aller rapidement dans la
réalisation du mégaprojet minier, mais le consortium a besoin de plus de
garanties avant de s’engager avec un partenaire qui, en 2016, affichait une
volonté de quitter le projet, quand les prix du minerai de fer étaient au plus
bas.
En revanche, Rio Tinto, qui s’est réinstallée en 2019 dans
de nouveaux bureaux à Conakry, dans le quartier de la banlieue proche de
Camayenne, semble aller à son rythme, sans se presser, dans un contexte où la
junte militaire guinéenne souhaite voir les premières exportations au plus tard
au premier trimestre de l’année 2025.
Selon une source proche du projet, les deux compagnies ont
eu en avril au moins plusieurs rencontres ou rendez-vous en Guinée, en Chine et
à Singapour pour tenter de négocier les détails d’un accord définitif.
« Lors de la toute première rencontre en Chine, WCS était
représentée par ses plus hauts responsables, là où le géant anglo-australien
avait envoyé une équipe d’ingénieurs », affirme cette source.
Cette rencontre aurait d’ailleurs un peu refroidi les
ardeurs des plus optimistes qui ont commencé à se poser des questions sur le «
manque d’engagement » du partenaire installé sur le Simandou Sud (blocs 3 et
4).
Cette situation aurait provoqué quelques frictions entre le
géant minier et les nouvelles autorités guinéennes qui auraient demandé des
explications à Bold Bataar, désigné CEO (chief executive officer) de Rio Tinto
pour le cuivre et le projet Simandou.
Du côté de WCS, le principal objectif reste d’obtenir les
assurances de non blocage et de stabilité du projet, ce qui renforcerait
l’engagement du principal partenaire chinois.
WCS contrôle actuellement le Simandou Nord (blocs 1 et 2) et
a entamé d’importants travaux d’infrastructures pour la construction d’un
chemin de fer de 670km devant relier la mine de Beyla, au sud-est du pays, à la
côte ouest où un port en eau profonde est prévu à Moribayah, dans la préfecture
de Forécariah, à environ 100 km de Conakry.
Rio Tinto a promis de respecter ses engagements et de
favoriser le respect du chronogramme, tel que défini par l’accord-cadre.
« Il faut s’attendre à des négociations un peu longues et
difficiles. Les deux compagnies n’ont pas les mêmes contraintes de temps, ni la
même stratégie d’exploitation du gisement du Simandou », fait remarquer une de
nos sources.
La Chine œuvre depuis plusieurs années à rompre sa
dépendance vis-à-vis de ses approvisionnements en minerai de fer au niveau des
grandes compagnies occidentales et australiennes.
L’exploitation du Simandou, comme l’indique un rapport de
Morgan Stanley datant de 2019, indique que les aciéries chinoises vont
économiser jusqu’à 07 milliards de dollars USD par ansi elles s’approvisionnent
à partir du gisement guinéen.
Selon notre source, c’est d’ailleurs cette perspective qui
serait au cœur de « la bataille » menée par Rio Tinto qui risque de perdre des
parts de marché si le développement et l’exploitation des blocs 1 et 2
s’accéléraient.
L’une des craintes
est aussi l’affaissement des prix en cas de surproduction.
« D’autres paramètres entrent également en ligne de compte.
Le minerai du Simandou permet de faire du green steal (acier vert), beaucoup
plus économe en énergie. Là où WCS devra faire des progrès, c’est au niveau du
contenu local, une fois que les ouvrages de pointe, requérant une grande
expertise (tunnels, port par exemple) seront terminés », conclut notre source.
Westaf Mining