Après quelques mois de suspense et alors que tous s’attendaient à ce que
l’ours russe du Kremlin brave le mandat d’arrêt international lancé contre lui
par la Cour pénale internationale (CPI), le verdict est tombé ce 19 de juillet
2023, à travers un simple communiqué de presse émanant de la présidence sud-africaine
: le sommet des BRICS d’août prochain, ce sera sans Vladimir Poutine.
C’est sans doute la mort dans
l’âme que Cyril Ramaphosa a pris cette décision, de « commun accord » affirme
le document, de priver son « ami » russe de cette rencontre au sommet qui
rassemblera à Johannesburg, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et
l’Afrique du Sud. La Russie y sera donc, mais représentée par Sergueï Lavrov,
le missi dominici du président russe. Une « guerre » vient ainsi d’être évitée,
car l’Afrique du sud qui est signataire du Statut de Rome était contrainte de
procéder à l’arrestation de Vladimir Poutine. Problème, car cette
interpellation de son président en exercice serait synonyme de « déclaration de
guerre », selon Moscou. Une guerre en moins donc pour les popovs qui sont déjà
en plein conflit avec l’Ukraine qu’ils ont envahie le 24 février 2022,
annonçant, au début de l’assaut, une opération éclair, mais qui, finalement
s’éternise.
Question : les autres membres des
BRICS ont-ils demandé gentiment à Vladimir Poutine, frondeur devant l’Eternel
de faire profil bas pour une fois ? Peut-être aussi que l’homme fort de Moscou
ne voulait plus ouvrir un autre front avec la communauté internationale qu’il a
sur le dos, avec l’invasion de l’Ukraine, sans compter ses soucis avec son « ami
» et partenaire en affaires, Evguéni Prigojine, le sulfureux patron de Wagner.
A moins que la pression, tant dans son pays que hors, a été insupportable pour
Cyril Ramaphosa qui a été obligé d’abdiquer ! Mais cette hypothèse semble moins
décisive, parce que la même Afrique du sud, en 2015 avait bien accueilli
l’ancien chef de l’Etat soudanais, pour un sommet de l’Union Africaine, alors
que planait sur la tête d’Omar el-Béchir un mandat d’arrêt international de la
même CPI.
En effet, le Soudanais était venu
à la réunion, y a participé, et est reparti de Johannesburg, sans être
inquiété. Ce précédent suffisait largement pour que le pays de Mandela récidive
avec le cas du premier des Russes. Comme quoi, les temps changent vite et
malgré toute sa puissance qui lui vaut respect et crainte, Vladimir Poutine
n’est pas Omar el-Béchir et l’Afrique du sud de Cyril Ramaphosa n’est pas celle
de Jacob Zuma. A moins d’un de ces rebondissements auxquels il a habitué le
monde, Vladimir Poutine ne sera pas à Joburg en août prochain, n’en déplaise à
ses supporters et partenaires transis qui le déifient pratiquement. Il pourra
toujours se contenter de sauts de puce entre Minsk et Moscou ou tirer son
trajet jusqu’à Pékin, pour se dégourdir les pieds.
Ainsi, en attendant l’Algérie qui
frappe à la porte avec insistance, les BRICS devront fonctionner avec un membre
influent flanqué d’un mandat d’arrêt international qui l’empêchera de fouler le
tapis rouge de certains de ses sommets.
WS