Les Guinéens qui suivent l’actualité judiciaire ont appris,
il y a quelques jours, que la Présidente du Tribunal de Première Instance de
Dixinn, Mme Traoré Hadja M’Ballou Keita, a été suspendue pour faute lourde par
le ministre de la Justice de Alpha Condé. Une décision similaire concerne
d’autres magistrats. Par arrêté ministériel, leurs remplaçants ont déjà été
désignés et ont pris fonction.
Pour mémoire, la Présidente du Tribunal de Première Instance
de Dixinn figure parmi les magistrats que le FNDC avait désigné comme les bras
judiciaires du 3ème mandat. En même temps qu’un certain nombre de magistrats
qui ont fait preuve d’un zèle insoupçonnable dans le musèlement par voie
judiciaire des militants anti 3ème mandat.
Il faut s’empresser d’ajouter qu’il ne s’agit pour l’instant
que d’une mesure conservatoire. Ce qui veut qu’il ne s’agit pas d’une sanction
disciplinaire. Le ministre de la justice de Alpha Condé a l’obligation de
saisir le Conseil supérieur de la magistrature, seul habilité à prononcer une
telle sanction en cas de faute avérée des magistrats concernés. S’il ne saisit
pas cet organe disciplinaire dans le délai d’un mois, la suspension tombe
d’office.
Cette affaire est une leçon pour les magistrats. L’État n’a
pas d’amis au sein de l’appareil judiciaire. Il n’a que des hommes et femmes
dont il sert pour régler ses problèmes et défendre ses intérêts. Tant que le
pouvoir a besoin d’un magistrat, il l’utilise. Mais le jour où il n’aura plus
besoin de lui, il le jette en l’humiliant même quelquefois.
Mais si le magistrat est conscient d’avoir fidèlement rempli
sa mission et exercé sa fonction dans le respect de la loi et de sa
déontologie, il ne regrette absolument rien.
Dès lors, il vaut mieux défendre son honneur et sa dignité
de magistrat que de défendre à tout prix un poste. L’expérience a montré qu’un
magistrat a beau défendre son poste, quelqu’un d’autre occupera un jour ce
poste et la justice continuera à fonctionner sans lui. Le seul capital qu’il
aura, c’est l’image que ses compatriotes retiendront de lui en sa qualité de
magistrat. Un magistrat peut être accroché à son poste, mais le jour qu’il
mourra, c’est un autre magistrat qui le remplacera.
Alors, défendons notre honneur et notre dignité en toutes
circonstances, Dieu pourvoira au reste.
Sékou Koundouno,
responsable des stratégies et planification du FNDC