La Guinée vient de passer sous les fourches caudines de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui s’est résolue à suspendre notre pays de ses instances, avec effet immédiat. Cette mesure sonne comme une réplique au coup de force perpétré par la junte contre le pouvoir d’Alpha Condé, dimanche dernier. Toutefois, l’acceptation stoïque de cette mise au ban par les Guinéens de manière générale, constitue un véritable bémol.
Comme il
fallait s’y attendre, la main de l’institution sous régionale n’a pas tremblé
contre le changement de régime intervenu en Guinée. A l’issue d’une réunion
virtuelle tenue ce mercredi entre les chefs d’Etat membres de la Cédéao, la
suspension de notre pays a été actée.
Pour avoir
été le théâtre d’un putsch, la Guinée ne pouvait passer entre les gouttes.
Il rejoint
ainsi le Mali sous cette enseigne peu enviable de mauvais élèves. Par la faute
d’un régime rompu dans des jeux politiques partisans. Avec un exécutif qui
avait fini par brider les énergies des Guinéens. Plongeant le pays dans une
impasse politique. Chose dont la Cédéao n’a cure, elle, dont la bienveillance
aura enhardi d’ailleurs le président Alpha Condé, dans la mise en exécution de
son fameux projet de troisième mandat. La suite on la connait, avec le bilan
macabre que ce saut dans l’inconnu a causé à notre pays.
C’est la
même institution qui revient aujourd’hui, toute honte bue, pour bander ses
muscles contre le peuple de Guinée. Se trompant alors lourdement de cible.
Comme l’a
dit Bossuet, je cite : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les conséquences
dont ils chérissent les causes ».
La Cédéao
devrait méditer cet aphorisme, au lieu d’enfouir la tête dans le sable. En exigeant
la libération sans condition du président déchu.
A noter que
dans la foulée de cette suspension, une mission sera dépêchée à Conakry ce
jeudi, en vue de prendre langue avec les nouveaux maîtres du pays.
Ce verdict
sans appel, s’inscrit dans les traditions de cette institution, perçue par les
populations comme un comité Théodule. Voire un instrument au service du
syndicat des chefs d’État.
C’est
désormais évident que le fossé s’élargit chaque jour davantage entre les
peuples africains et cette institution.
Heureusement
que ces condamnations de principe sont peu de chose, devant la ferveur
populaire provoquée par cette révolution de palais.
Même
l’Assemblée nationale française a crié haro sur le baudet contre cette
communauté internationale qui cloue notre pays au pilori. Affirmant qu’elle n’a
aucune leçon à donner à la Guinée.
Mamadou Dian Baldé