Un faux communiqué attise les tensions entre le Rwanda et la RDC

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  • redaction.web@fimguinee.com

  • 27 janvier 2023 15:21

  • Politique

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Après l’attaque d’un avion de chasse congolais par l’armée rwandaise ce mardi 24 janvier, la tension est encore montée d’un cran en République démocratique du Congo. Des tensions sans cesse alimentées par la désinformation sur les réseaux sociaux. La dernière infox en date est un communiqué faussement attribué au Rwanda.

Non, Kigali n’a pas officiellement suspendu sa participation à l’accord militaire signé avec Kinshasa sur le retrait des rebelles du M23 en RDC. C’est pourtant ce que veut faire croire un communiqué partagé en masse sur les réseaux sociaux depuis ce mercredi 25 janvier.

Ce document avance également, à tort, que le Rwanda a annoncé son intention « de faire progresser l'occupation d’autres territoires ». Une décision qui ferait suite à « l'occupation illégale du village Cyangugu par les forces spéciales de l'armée congolaise ».

En réalité, ce communiqué est un faux. Il n’a jamais été publié par le Rwanda. Nous l’avons vérifié en épluchant le site internet du gouvernement rwandais et l’ensemble de ses comptes sur les réseaux sociaux. Kigali a d’ailleurs publié un démenti officiel, quelques heures seulement après l’apparition de ce faux document en ligne.

Il s’agit en vérité d’un montage relativement bien fait, comportant presque toutes les caractéristiques d’un communiqué officiel : une mise en forme soignée, une signature manuscrite, ou encore un tampon officiel.

Détecter la supercherie

Pour analyser ce document, nous l’avons comparé à plusieurs dizaines de véritables communiqués publiés par le gouvernement rwandais. La comparaison permet immédiatement de distinguer une importante différence de qualité. On remarque également plusieurs fautes d’orthographe grossières dans le texte en anglais. Il est écrit, par exemple, « Prime ministre », au lieu de « Prime minister ».

Nous avons enfin passé ce document au crible à l’aide de logiciels d’analyse des données de l’image (voir ici comment procéder, NDLR). Cela nous a permis de relever plusieurs indications de manipulation, notamment autour de la signature et du logo du gouvernement.

Un infox relayé en masse

D’après nos recherches, l'infox apparaît pour la première fois dans la soirée du mercredi 25 janvier, sur le compte Facebook d’un homme se présentant comme un Congolais expatrié en Afrique du Sud. Immédiatement, le faux communiqué est repris en masse sur WhatsApp, Twitter et Facebook. Il est presque toujours accompagné du même commentaire : une traduction en français avec la mention « alerte » ou « flash info » pour attirer l'œil des internautes.

Parfois, ce sont des pages très suivies avec plusieurs centaines de milliers d’abonnés qui relayent ce faux document. S’il est impossible de dire qui est derrière cette manipulation, on constate que l’infox est partagée par de nombreux comptes pro-RDC, dont certains sont habitués à relayer des fausses informations.

Désinformer pour attiser les tensions

Ce que l’on constate, c’est que cette fausse information participe à échauffer encore davantage les esprits. Si certains internautes vigilants ont rapidement débusqué l’infox, comme le traduisent les commentaires, les réactions sur les réseaux montrent aussi que cela participe à alimenter la haine anti-Rwandais. Un engrenage particulièrement dangereux en cette période de fortes tensions.

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