En s’envolant pour l’étranger, la semaine dernière, Chérif Bah et Ousmane Gaoual Diallo, jusque-là semi-libres, sont-ils désormais complètement libres ? Du moins, tant qu’ils resteront loin de la Guinée. C’est à se demander aussi si leur séjour médical peut déjà être considéré comme une autorisation d’exil qui ne dit pas son nom. Leur absence pourrait-elle durer jusqu’à la fin de leur procès ? Notre éditorialiste n’en finit pas de s’interroger.
Les sieurs Chérif Bah et Ousmane Gaoual Diallo, peuvent
enfin avoir le sentiment réel d’être libres, hors de portée des prisons
guinéennes et des contraintes liées à leur liberté surveillée. Et donc, loin du
risque de voir leur semi-liberté révoquée par le Directeur national de
l’administration pénitentiaire. Ce fameux fonctionnaire du ministère de la
justice, qui s’est pris, la semaine dernière, en pleine figure, la colère du
Barreau de Guinée, qui a fini par sortir du bois, en dénonçant le droit dont ce
directeur s’est arrosé, en prenant coup sur coup les décisions d’accorder et de
révoquer la semi-liberté de détenus politiques, respectivement le 14 juillet et
le 10 août derniers.
En prenant définitivement leurs avions, la semaine dernière,
Chérif Bah et Ousmane Gaoual Diallo, s’extraient donc des griffes et de la
menace du cachot. Abdoulaye Bah, l’ex-président de la délégation spéciale de
Kindia, lui, s’en est retourné à la maison centrale depuis le 10 août dernier
pour non-respect de son régime.
Sur les quatre bénéficiaires de la semi-liberté du 19
juillet, deux ont donc pris les airs, pour aller se faire soigner à l’étranger.
Puisque, c’est ce motif sanitaire qui a été avancé par le Directeur national de
l’administration pénitentiaire. A ce jour, le seul semi-libre resté au pays,
Cellou Baldé, laissait néanmoins entendre qu’il était également intéressé à
pouvoir aller suivre des soins à l’étranger. Autant d’ailleurs s’interroger sur
le cas de l’ex-député uninominal de Labé, qui a juste pu sortir de Conakry,
pour aller partager avec les siens le deuil de la disparition de son père,
alors qu’il était en détention.
Placé également en semi-liberté pour des raisons médicales,
alors pourquoi Cellou Baldé n’a-t-il pas bénéficié de l’autorisation d’aller
subir un lifting sanitaire ? L’administration pénitentiaire jugerait-elle les
cas Chérif Bah et Ousmane Gaoual plus urgents ? Ou encore, la stratégie des
autorités de la Maison centrale de Conakry consisterait-t-elle à ne pas laisser
tous les trois quitter à la fois le pays ? Et ce, le temps de s’assurer que les
deux premiers reviennent au pays avant de laisser éventuellement Cellou Baldé
prendre, à son tour, l’avion pour un check-up médical ?
Justement, ces dernières questions recentrent la réflexion
sur la suite du dossier général des détenus politiques. Plusieurs observateurs
les assimilant à des victimes de la répression autour du 3ème mandat, certaines
mauvaises langues jurent que leur dossier est plus proche d’un classement sans
suite que d’un procès.
Certains sceptiques poussent ainsi l’imagination jusqu’à
penser que l’autorisation à voyager accordée à Chérif Bah et Ousmane Gaoual,
est une sorte de blanc-seing qui leur est ainsi accordé de s’exiler.
Conséquence, les deux pourraient être épargnés de la rudesse
carcérale et des contraintes liées à leur régime de semi-liberté, jusqu’à la
tenue d’un procès. Ainsi, leur sort pourrait être décidé en leur absence.
Ce qui donne lieu à toutes les spéculations sur la
contrepartie que le pouvoir attendrait de ces deux responsables de l’UFDG. Un
parti dont le leader Cellou Dalein Diallo jure que le président Alpha Condé
serait en train de mûrir un scénario visant à faire imploser son parti de
l’intérieur.
Comme pour dire que la question des détenus politiques
alimentera encore le brasier des rumeurs et des fantasmes.
Talibé Barry