Abidjan se rapproche-t-il de Bamako pour les 46 militaires ivoiriens
encore détenus dans les geôles du colonel Assimi Goïta depuis le dimanche 10 juillet?
C’est alors qu’ils foulaient le tarmac de l’aéroport international Modibo
Keïta, comme contingent de la NSE, ces éléments de soutien à la Mission
multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali
(Minusma), que 49 militaires ivoiriens ont eu la désagréable surprise de se
voir mis aux arrêts par les autorités maliennes qui les ont brandi, à la face
du monde, comme des «mercenaires» venus d’Abidjan pour déstabiliser le régime
militaire en place. Et depuis lors, ceux que Abidjan considère désormais comme
des «otages» aux mains des ravisseurs maliens, poursuivent leur chemin de la
croix, malgré les interventions de nombreux acteurs, politiques, religieux et
coutumiers, qui se sont engagés dans une médiation jusqu’à présent
infructueuse, pour la libération des soldats, mais surtout pour la sauvegarde
de la paix et du rétablissement des relations séculaires de bon voisinage entre
Abidjan et Bamako.
Consentant à laisser rentrer au
bercail, les trois dames du groupe, après avoir fait passer par la case justice
ses captifs, le pouvoir de la transition malienne a pris de court tous les
facilitateurs, l’opinion internationale et surtout les proches des «détenus de
Bamako». En effet, c’est, désormais, contre des caciques de l’ancien régime
qu’ils ont chassé du pouvoir le 18 août 2020, notamment l’ancien Premier
ministre Boubou Cissé, l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly et Karim
Keïta, le fils de l’ancien président malien, Feu Ibrahim Boubacar Keïta, que la
junte militaire malienne veut échanger ses «otages».
Toujours au titre de la rançon,
le colonel Assimi Goïta et ses hommes, demandent d’autres avantages que la Côte
d’Ivoire devraient les aider à obtenir auprès des institutions financières.
Agissant ainsi, la junte militaire malienne compte également régler de vieux
comptes avec le président ivoirien qu’elle accuse d’avoir été celui par qui est
venue la fatwa financière et commerciale draconienne lancée en son temps par la
CEDEAO, contre les double-putschistes maliens, qui, de surcroît comptaient
s’offrir une transition hors gabarit de cinq ans, soit la durée d’un mandat de
dirigeant sorti des urnes.
Après son absence remarquée lors
de la dernière mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de
l’ouest sur les rives du Djoliba, Faure Gnassingbé, le seul médiateur reconnu
par les Maliens dans la crise entre leur pays et la Côte d’Ivoire, fut l’hôte
de son homologue ivoirien ce jeudi 6 octobre. Avec Alassane Ouattara, il a
certainement partagé comme plat de résistance, non pas l’attiéké, la spécialité
culinaire ivoirienne à base de manioc, mais la détention des 46 militaires
ivoiriens en séjour forcé à Bamako. Le Togolais qui n’est certainement pas le
facilitateur le plus heureux, du fait des caprices des Maliens pour lesquels il
ne fait pas de mystère sur sa proximité a-t-il apporté de bonnes nouvelles à
l’Ivoirien qui vit probablement une angoisse lourde à couper au couteau, depuis
que ses compatriotes sont retenus au Mali? Le bout du tunnel est-il-, enfin,
proche dans cet imbroglio qui isole davantage le Mali de son grand voisin
ivoirien? Les questions peuvent se multiplier à l’infini, les rebondissements
étant la marque déposée de cette crise entre deux peuples frères de l’Afrique
de l’ouest qu’écartèle sans ménagement, des militaires qui, ayant délaissé le
front de la lutte anti-terroriste au profit des combattants de l’Etat islamique
du Grand Sahara (EIGS) et du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans
(Jnim) s’agrippent à un pouvoir qu’ils ne veulent visiblement pas lâcher. Même
pas pour tout l’or du légendaire empereur malien Mansa Moussa.
WS