Après six mois d'audiences et de rebondissements liés au coup d'Etat du 24 janvier, le verdict du procès des assassins présumés de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara est attendu ce mercredi 6 avril.
Plus de 34 ans après la mort de
Thomas Sankara, le procès historique de ses assassins présumés devant le
tribunal militaire de Ouagadougou touche à sa fin. Ouvert en
octobre 2021, il a été perturbé par le coup d'Etat mené le 24 janvier
du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a renversé
le président élu Roch Marc Christian Kaboré.
Suspendu au lendemain du putsch,
puis le 31 janvier, il a repris lorsque la junte a rétabli la Constitution,
avant d'être de nouveau interrompu suite à la prestation de serment du
lieutenant-colonel Damiba devant le Conseil constitutionnel, le 16 février.
La défense avait alors dénoncé le
fait que le parquet militaire demandait des condamnations pour "attentat à
la sûreté de l'Etat", alors que le putsch du 24 janvier, validé par le
Conseil constitutionnel, constituait en lui-même un "attentat à la sûreté
de l'Etat". Cet argument a été jugé "non fondé" par le Conseil
constitutionnel, permettant la reprise du procès.
Jusqu'à 30 ans de prison requis contre 14 accusés
Quatorze personnes attendent donc
leur verdict ce mercredi 6 avril 2022, au terme d'un procès qui aura duré six
mois.
Un procès au cours duquel le
principal accusé a brillé par son absence : Blaise Compaoré, l'ancien président
du Burkina porté au pouvoir, justement, à la faveur du coup d'État contre
Thomas Sankara. Il vit en exil à Abidjan depuis sa chute en 2014 et n'a
pas assisté aux audiences.
Même si ses avocats ont dénoncé
"un procès politique" devant "une juridiction d'exception",
l'ex-chef de l'État risque
trente ans de prison ferme pour avoir commandité l'assassinat de son
ancien compagnon d'armes et ami.
Le parquet du tribunal militaire
de Ouagadougou a requis la même peine contre Hyacinthe Kafando, ancien
commandant de la garde de Blaise Compaoré. Autre grand absent de ce procès, il
est en fuite depuis 2016 et accusé d'"assassinat".
Aucun coupable, aucun regret
Les douze autres accusés ont pour
leur part assisté au procès. Parmi eux, le général Gilbert Diendéré. Il était
un des chefs de l'armée lors du putsch de 1987 mais purge
déjà une peine de vingt ans pour la tentative de coup d'Etat de 2015.
Le parquet a requis vingt ans de prison pour les mêmes chefs d'inculpation que
Blaise Compaoré, en plus de "la subornation de témoins".
Comme la plupart des accusés présents, il
a plaidé non coupable
34 ans après les faits, aucun des accusés n'a avoué ni montré de regrets pour l'assassinat de Thomas Sankara, un président mort à 37 ans qui voulait "décoloniser les mentalités" et bouleverser l'ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés.