La rumeur d’une intensification de la coopération militaire entre la Guinée et la France au sujet de l’implantation d’une base militaire aux frontières guinéennes avec le Mali, avait, il y a quelques mois derrière, emballé presse et toile. Cette nouvelle intervient au moment où le ministre des armées participait à un colloque en France sur les armées. Ce qui laissait croire qu’il en a sûrement été question de base militaire en marge de ces échanges.
Nombre de positions alors rejetaient l’idée de s’arroser les
services de l’armée du colon pour assurer l’intégrité territoriale et
sécuritaire de la Guinée ; parce que cette éventualité, perçue comme une forme
d’asservissement, alors qu’une croyance reste partagée en Guinée qui soit que
jamais la Guinée, contrairement aux autres pays de la sous-région notamment le
Mali ou la Côte d’Ivoire, n’avait accepté une base militaire étrangère.
Si on peut critiquer une telle aventure encore que le
ministre de la défense avait non seulement démenti cette éventualité, il avait
également soutenu que jamais notre pays ne se serait permis une telle
politique, il est quand même à relever que le contexte sécuritaire qui
prévalait il y a cinquante ans n’est plus le même. Des pays alors réputés
stables au système de défense moins défaillant, se sont révélés depuis quelques
années, incapables de juguler la crise terroriste.
On n’est plus au printemps des simples rebellions. Nos pays
sont soumis à rude épreuve du djihadisme violent, engendrant famine, déplacés
et récemment des coups de force au nom justement de la restauration de la
sécurité dans des pays en proie au problème djihadiste. Le paradigme ayant
changé, il est à questionner aujourd’hui ce souverainisme qui consiste à penser
que nos pays sont capables tout seuls, de parer à l’insécurité et à la menace
terroriste alors que la dynamique d’une intégration régionale ou sous régionale
de lutter contre le terrorisme est la piste la mieux conseillée.
Comment ne pas repenser l’ordre politique de nos pays en
matière de coopération militaire quand le Sahel et d’autre pays de la
sous-région ouest-africaine sont sous l’emprise de luttes d’influence par la
sécurité. D’un côté la Russie à travers des cellules militaires privées comme
Wagner aidée par la Patriote, la cellule de désinformation russe sur Barkhane ;
et de l’autre la France qui cherche désespérément à sauvegarder son pré-carré
dans un contexte où son leadership est de plus en plus remis en cause par de
nouveaux dirigeants arrivés par les armes au pouvoir et de surcroit réfractaires
aux discours qui promeuvent la démocratie, entremêlant souverainisme ringard
aux saveurs despotiques et manipulation par le viol des foules. On doit y
penser !
Kabinet FOFANA