C’est sans doute une bonne nouvelle que d’apprendre la guérison de la jeune guinéenne déclarée atteinte d’Ebola en Côte d’Ivoire. L’information a été donnée mercredi par le porte-parole du ministère ivoirien de la Santé. Cependant, cette guérison annoncée est loin de mettre fin aux interrogations tenaces, soulevées par les autorités sanitaires de la Guinée sur cet obscur cas d’Ebola. Une situation qui taraude l’esprit de notre éditorialiste du jour.
C’est à se demander si le ministre guinéen de la santé et le
Directeur général de l’ANSS, resteront sans réponses à leurs questions sur la
positivité réelle à l’Ebola de cette Guinéenne partie de Labé pour Abidjan, où
son cas été déclaré le 14 août dernier. Le Colonel Remy Lamah et le Dr Sakoba
Kéïta, ont pratiquement mis au défi les autorités sanitaires ivoiriennes de
prouver cette positivité à la fièvre hémorragique.
Car, aussi curieux voire sidérant que cela puisse paraître,
la Côte d’Ivoire a refusé toute collaboration avec la Guinée sur le cas de
cette Guinéenne. En refusant notamment à l’équipe médicale venue de Conakry
d’avoir accès à cette patiente. Une manière pour les experts guinéens d’en
savoir plus auprès de cette positive à l’Ebola venue d’une ville guinéenne,
Labé, qui, même au plus fort de l’épidémie de 2014, n’avait pas connu de cas.
Et qui, non plus, n’avait enregistré aucun cas positif connu depuis la
réapparition à N’Zérékoré de cette fièvre hémorragique en 2021.
Plus scandaleux encore dans leur attitude, les autorités
sanitaires ivoiriennes ont jusque-là rejeté la demande de remettre à la Guinée,
les échantillons prélevés sur cette guinéenne, afin que Conakry puisse, elle
aussi, procédé à un test pour fonder définitivement sa conviction. Les
autorités guinéennes ont d’ailleurs montré patte blanche au point de proposer
que ces échantillons soient envoyés aux laboratoires de l’Institut Pasteur à
Dakar.
Face au mur de refus érigé par Abidjan, la Guinée n’a donc
pas eu d’autre choix que de mettre publiquement en doute la positivité de cette
Guinéenne. D’autant que Conakry a déjà poussé la responsabilité jusqu’à fournir
5.000 doses de vaccins à l’Etat ivoirien pour lui permettre d’endiguer une
possible propagation de cette fièvre hémorragique qui a été à l’origine de la
mort de milliers de personnes entre 2013 et 2016 en Guinée, au Libéria et en
Sierra Leone. Des doses acheminées donc par le même pays empêché d’avoir accès
à sa ressortissante. Un esprit de collaboration qui aura d’ailleurs été
suffisamment salué par le représentant de l’OMS à Abidjan.
La démarche de la Guinée qui a d’abord voulu croire et aider
un voisin à gérer une situation urgente ne souffre nullement d’ambiguïté.
Puisque c’est la seule attitude qui en valait la peine à cet instant. Mais
passé ce moment d’agitation, Conakry a raison de chercher à en avoir le cœur
net, à travers sa propre contre-expertise. Puisque, forcément, la Guinée en
sait beaucoup plus que la Côte d’Ivoire sur l’Ebola, pour lui avoir livré une
longue et couteuse guerre. Cette contre-expertise est plus qu’importante pour
la Guinée d’où était officiellement partie la première épidémie en Afrique de
l’ouest. Ce cas déclaré venu de la Guinée, représente donc une mauvaise
publicité pour un pays déjà suffisamment éprouvé par la Covid-19, et en proie
également à des cas de fièvre Lassa et Marburg.
En tout état de cause, au nom d’un retour d’ascenseur
sanitaire, la Côte d’Ivoire aurait dû, et d’ailleurs se doit encore de s’ouvrir
à la Guinée sur ce troublant cas d’Ebola. Une patiente présumée qui, malgré les
nombreux contacts tracés dans son sillage de Labé à Abidjan, plus de dix jours
après, n’a apparemment contaminé personne, ni en Guinée ni en Côte d’Ivoire.
Une suspicion de fausseté à l’Ebola renforcée par son rythme de guérison jugé
trop rapide aux yeux de la Guinée.
Chères autorités ivoiriennes, vous devez donc la vérité à
nos deux peuples et à l’humanité entière. Ne rechignez donc à coopérer par
devoir de vérité.
Talibé Barry