C’était probable, mais c’est désormais évident et officiel. Depuis le 31 mai 2021, Sékou Koundouno, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la justice guinéenne. Mais ce responsable du FNDC en fuite, passant de Dakar à Paris, risque-t-il réellement gros à présent qu’il semble à l’abri en France ? A défaut d’une communication officielle et des réponses claires, notre éditorialiste du jour, piaffe d’interrogations.
Difficile de
refouler un petit sourire en coin, en faisant d’entrée cette première
observation : l’acte servit par le Doyen des juges d’instruction du Tribunal de
première instance de Dixinn, ne concerne pas explicitement le responsable en
charge des stratégies et de la planification du Front national pour la défense
de la constitution (FNDC). Mais il parle plutôt, Sékou Koundouno, le juriste,
administrateur de la plateforme Balai citoyen et consultant.
Le Mandat
d’arrêt international se fait ensuite plus précis sur la personne, en indiquant
qu’il est, je cite : « considéré comme actuellement en fuite et pourrait se
trouver en dehors du territoire de la République de Guinée ».
Dans la
foulée, il saute aux yeux, la similitude entre les faits exposés contre Sékou
Koundouno et ceux ayant visé des détenus politiques actuellement en prison ou
en semi-liberté. On y apprend en fait que l’administrateur du Balai citoyen est
poursuivi pour les faits suivants : « association de malfaiteurs, incendie
volontaire, troubles à l’Etat par le massacre, la dévastation ou le pillage,
participation à un mouvement institutionnel, et en fin menaces par le biais
d’un système informatique ».
Près de 48
heures après la publication de ce mandat d’arrêt international dans la presse,
les commentaires, interprétations et supputations enflent dans la rue, les
médias et sur les réseaux sociaux. Toute chose qui nous fait également piaffer
d’interrogations. Tout d’abord, interrogation sur la date figurant au bas de
cet acte signé par Elhadj Ousmane Coumbassa. En effet, le Doyen des juges
d’instruction du TPI de Dixinn, a-t-il pris ce mandat parce qu’il savait que
Sékou Koundouno, se trouvait à l’époque tout près à Dakar au Sénégal ?
Car, tout
porte à croire que le 31 mai 2021, le responsable en charge des stratégies et
de la planification du FNDC, se trouvait bel et bien encore dans la capitale
sénégalaise. En ce sens que c’est via le Communiqué des avocats du FNDC en
France, publié le 28 juillet 2021, qu’il a été officiellement su que Sékou
Koudouno était arrivé en France. Soit près de deux mois donc après la prise de
ce mandat d’arrêt international.
Par
ailleurs, quand on sait que Sékou Koundouno a quitté le pays plusieurs semaines
voire des mois avant le 31 mai, pourquoi alors, ce n’est qu’à cette date que ce
mandat a-t-il été émis contre lui ? Alors, jusqu’à cette date, la justice
guinéenne le croyait-il encore sur le territoire national ou tout au moins,
espérait-elle son retour au pays à tout moment ? Difficile d’y répondre !
Autre
scénario très improbable cependant : jusqu’à ce mandat d’arrêt international,
Sékou Koundouno, était-t-il encore réellement considéré comme une menace réelle
pour le régime de Conakry ? Rien n’est moins sûr !
Sauf que
d’autres zones d’ombre persistent, en attendant des réponses de la part de la
justice guinéenne. Il s’agit par exemple de la question de savoir quels ont été
les efforts éventuellement menés, avant et après ce mandat d’arrêt
international, par la Guinée auprès du Sénégal, pour que Sékou Koundouno soit
livré.
Dernière
question toute bête, s’il en est, cet acte resté lettres mortes au Sénégal, a
quelle chance d’être exécuté en France ?
En attendant,
Sékou Koundouno et son binôme du FNDC dont nous taisons le nom, se la coulent
douce en France. Fut-il comme exilés politiques. Alors, à qui profite ce mandat
d’arrêt international ? Allez savoir !
Talibé Barry