Dans un entretien accordé récemment au magazine panafricain Jeune
Afrique, le Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana a reconnu la
persistance de la corruption dans notre pays. Un aveu d’échec de ce chef du
gouvernement de plus en plus dans le doute sur son avenir dans le couple exécutif.
Depuis sa réélection au forceps,
le président Alpha Condé fait de la lutte contre la corruption l’un des défis
prioritaires de son sextennat. Preuve que les dix ans de sa gouvernance au fil
de l’eau, n’ont pas permis de moraliser l’administration publique. Ce ne fut
d’ailleurs pas une préoccupation pour le locataire du palais Sékhoutouréah, qui
semblait avoir la tête ailleurs. Car cette histoire de troisième mandat fut
murement pensée. Il ne fallait donc pas s’aliéner une clientèle politique
intéressée.
Et Alpha Condé qui maîtrise l’art
du compromis, a toujours la main gagnante quand il s’agit de retourner un adversaire. Quitte à lui faire
un pont d’or.
Dans un tel schéma clientéliste,
le Premier ministre Kassory Fofana ne pouvait avoir de marge de manœuvre pour
nettoyer les écuries d’Augias. Il avait d’ailleurs reconnu publiquement n’avoir
pas les coudées franches pour engager une opération « main propre »,
contre les déprédateurs des deniers publics.
Pour sauver sa tête dans un
couple qui n’a rien d’une dyarchie, il fallait faire profil bas, et laisser
faire.
Dr Kassory vient de nouveau de
reconnaître l’échec enregistré dans la lutte contre la corruption, qui demeure
le talon d’Achille de son gouvernement.
Cet aveu vient confirmer si besoin en était que la Guinée est
mal gérée. Et que l’on n’est pas sorti de l’auberge, puisque ce sont les mêmes
cadres qui tiennent les manettes. Ne dit-on pas que les vieilles habitudes ont
la vie dure.
Quant à l’avenir de Kassory au
poste de Premier ministre, il se veut prudent en l’évoquant et préfère jouer
sur le velours.
Et à propos, il dit être
‘’convenu avec le Président d’en discuter d’ici à deux ans.’’ Tout en relevant
que ‘’d’un point de vue personnel, après cinq années dans une fonction, quelle
qu’elle soit, il faut savoir partir.’’
Une manière sans doute pour lui
de préparer son atterrissage, sans grand dommage, dans un système où la
Primature est en train d’être réduite à sa plus petite expression, en matière
de prérogatives.
Mamadou Dian Baldé