Le 2 octobre 1958, après 60 longues années de colonisation, la Guinée arrachait son indépendance du joug de la France. En ce jour de célébration, je souhaite une joyeuse fête d’indépendance à tous les Guinéens.
J’ai une profonde gratitude pour toute la génération des
pères de l’indépendance et pour tous les devanciers qui ont souffert, et
parfois payé de leurs vies pour que je naisse et grandisse dans un pays libre
et maitre de son destin. De même, j’ai une reconnaissance envers les générations
successives de Guinéens qui, malgré des difficultés inhérentes à l’évolution
des nations, ont su préserver l’essentiel : la paix.
En dépit des difficultés auxquelles nous sommes confrontés
aujourd’hui, et des erreurs du passé, notre pays s’est vu offrir par la force
des choses un nouveau départ.
Qu’allons-nous en faire ? (J’utiliserai toujours le « nous »
pour Guinéens.)
Avant d’aborder la question, je vais certainement gâcher
l’ambiance qui a entouré la prestation de serment du Président du CNRD.
Premièrement, nous sommes devenus très émotifs. Je dis cela
sur la base de ce que j’ai observé sur les réseaux sociaux depuis hier. Le
nouveau chef a été gratifié de tellement de surnoms : le « grand patriote », le
« fils le plus béni » de la République, « Moise » qui doit nous amener sur la
terre promise. Même si je comprends certains, je n’ai pas pu m’empêcher de
penser, mais « attention » !!
En fait, nous ne le connaissons pas vraiment !! Nous l’avons
tous (ou presque) découvert il y a 3 ans lors d’une journée de célébration de
notre indépendance. Ensuite, nous ne l’avons revu qu’à l’occasion d’une
irruption brutale sur la scène politique par un coup d’État. Mais, nous sommes
tellement contents d’avoir été débarrassés du président Alpha Condé et de son
projet de troisième mandat, que nous semblons oublier notre histoire récente.
Cette histoire même qui doit nous empêcher de reproduire les mêmes erreurs.
Tout ceci m’a l’air d’un gout de déjà vu !
Petit rappel donc. Décembre 2008, nous découvrions sur nos
petits écrans à l’occasion d’un coup d’État, les visages de jeunes officiers
que nous ne « connaissions pas vraiment ». Une petite liste de promesses à la
clef et hop, le lendemain, tous, notre classe politique en tête se rendirent au
camp Alpha Yaya Diallo pour célébrer des militaires dont le seul acte posé à
l’époque se limitait à une liste de promesses. Comme aujourd’hui, très peu
d’entre nous ont eu le recul nécessaire pour dire attention, attendons les
actes. Nous connaissons la suite de ce manque de vigilance et de rigueur.
Ceci dit, je dois reconnaitre l’importance de certains actes
posés par le Président du CNRD : le recueillement sur les tombes du père de
l’indépendance, sur celui du président Conté, au stade du 28 septembre et au
cimetière de Bambeto, étaient de bonnes choses. Tout comme l’était la visite de
courtoisie chez l’ex-première dame Hadja Andrée Touré. Ce sont des actes de
reconnaissance qui vont dans le sens de la décrispation. Ils sont rassurants.
Mais, comme l’a souligné Nelson Mandela « accomplir sa mission quand l’histoire
nous convoque est la seule chose qui compte ». Donc, je ne sais pas pour vous ;
mais moi, je jugerai le CNRD par les actes, pas les promesses. Et je célébrerai
son président quand il aura rempli sa mission, pas avant. Soyons moins émotifs
et plus exigeants envers ceux qui ont la charge de diriger notre pays. Notre
devenir commun en dépend !
Ensuite, en parlant d’actes à poser. Pour moi, le premier
qui confirmera la détermination du CNRD à opérer une rupture avec le passé est
le choix des membres du gouvernement de transition, au premier rang desquels le
Premier Ministre. Ce choix m’indiquera si c’est une équipe composée de
personnes à récompenser et de copains ou une équipe « choc » de mission. Si,
comme nous l’espérons tous, c’est la deuxième option qui l’emporte, mon espoir
est que ce gouvernement sera constitué des meilleurs fils et filles de la
Guinée, dont les premiers critères de choix seraient les valeurs d’intégrité
(irréprochable), d’honnêteté, de compétence, et de sens élevé de sacrifice de
soi au service des Guinéens et de la Guinée. Par ailleurs, ce gouvernement ne
devrait pas dépasser une quinzaine de ministères au maximum. Pas besoin d’un
gouvernement pléthorique et budgétivore pour conduire une transition
efficace.
Enfin, en parlant de mission. C’est là que se situe à mon sens l’importance
du rôle que doit jouer le CNRD. Pour rappel, c’est notre troisième transition
en 30 ans. J’espère que c’est la dernière, car d’autres pays comme les Émirats
arabes unis (Dubaï) et Singapour se sont irréversiblement transformés au cours
de la même période. Nous devons donc
mettre celle-ci à profit pour bâtir des institutions démocratiques stables et
pérennes. Pour ce faire, et comme l’a affirmé le président du CNRD lui-même,
« aucun calcul à court terme pour quelques intérêts que ce soit ne doit
passer ». Ce sont les calculs politiques à court terme de notre élite politique
par ailleurs qui ont permis l’adoption d’institutions démocratiques faibles et
instables par leur nature. La mise en place d’une Commission électorale
Nationale partisane est une illustration parfaite de notre échec à construire
des institutions viables. Cette fois-ci, tâchons d’imposer à notre classe
politique, une commission électorale technique dont les membres seraient
recrutés par appel d’offres et sur la base de leur intégrité et capacités
techniques. Tâchons d’adopter une constitution qui favoriserait un système
politique qui permettrait à la fois de rassembler les Guinéens autour des idées
et non des communautés, et qui permettrait aussi de poser des candidatures
indépendantes pour toutes les consultations électorales y compris l’élection du
président de la République. Tâchons de mettre un terme à la dictature des partis
politiques.
En somme, faisons le nécessaire pour bâtir notre pays sur la
base d’institutions démocratiques qui soient à l’épreuve du temps. Elles
doivent être suffisamment flexibles pour absorber les changements futurs de
notre société, mais suffisamment solides pour contrer toutes velléités civiles
ou militaires de remise en cause desdites institutions.
Mettons nos individualités et nos collectivités au service
de notre pays.
Assurons-nous de faire ce qui est bien pour la Guinée, car elle seule compte.
Abdoul Madiou Diallo 04 octobre 2021 08:24
Djibril, ton apparution avec cette belle analyse ne metonnerais pas, il y a 7 jours que j'attendais deja ta reaction sur les media, parceque je vois tes reactions sur les reseaux sociaux et je partage entierement tes idées. Depeuis la prise du pouvoir 5 septembre 2021 par ces putschistes je n'est pas areter de penser de la même maniére mais dans la même occasion j'inviterais tous les fils et filles de notre chere guinée de rester optimiste et vigilant parceque personne ne viendra developer ce pays a notre place. Comme le dit mon frere Celou dans son commentaire ci - haut la guinée ne manque pas de personnes talentueuse ni de resources humains qualifiés mais nous avons besoin de quelqu'un qui serait en mesure de decouvrir ces talents cachés. J'invite aussi tous les guinéens de prendre leurs destins en main. Que Dieu benisse la Guinée. Abdoul Madiou Diallo
MAMADOU CELLOU BAH 04 octobre 2021 07:30
Tres cher Djibril, ceci est une analyse tres pertinente pleine de bon sens et objective. Je partage tes craintes d'une part, et ton optimisme mesure d'autre part et je m'inscris dans ta ligne a savoir de se reserver le droit de ne juger le nouveau colonnel et le CNRD que par leurs actes. Je suis tres seduis par ta chronique et je prie le bon Dieu qu'il accompagne notre chere Guinee dans cette Nieme transition et que surtout le prochain gouvernement soit a la hauteur de nos esperances, ce ne sont pas des Guineens competents integres et patriotes qui manquent c'est plutot la chance de tomber sur un leader qui nous conduira vers l'identification de ces talents et nous donner la chance de les voir a l'oeuvre. Prions le misericordieux que cette fois soit la plus belle occasion jamais offerte aux Guineens et que l'avenir soit bien meilleur que le passe et le futur combines