Editorial: Libération d’Alpha Condé , Faut-il en rire ou en pleurer ?

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  • 25 avril 2022 11:24

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La libération du président Alpha Condé par la junte, près de neuf mois après une mise en résidence surveillée qui ne disait pas son nom, a fait l’effet d’une douche froide sur les victimes de son régime, et le Fndc, ce mouvement hétéroclite anti-troisième mandat, devenue la bête noire du pouvoir déchu. Certains observateurs pensent toutefois que ce geste du Cnrd, serait loin d’une sinécure. Et qu’elle pourrait constituer d’ailleurs, une sorte d’appel d’air pour la justice guinéenne, de pouvoir enfin passer l’ancien chef d’État sur son gril. Ceci au nom de la reddition des comptes pour les violations des droits humains, mais aussi d’éventuels crimes économiques.

La nouvelle de la libération du leader historique du RPG arc-en-ciel, est tombée comme un couperet sur la tête des victimes de son régime. Révulsant ainsi tous ceux qui ont souffert le martyre sous la décennie de son règne. Règne dont le traumatisme pour ces victimes, qui se compte par plusieurs dizaines, revêtait les caractéristiques d’une période de plomb. D’où l’enthousiasme débordant manifesté par les populations, lors de sa chute le 5 septembre 2021.

Depuis son éviction du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya, nombreux sont les Guinéens qui s’attendaient à ce qu’Alpha soit inculpé du tac au tac par la justice pour les crimes de sang et les crimes économiques enregistrés sous son magistère.

Des crimes de sang documentés pour la plupart par des ONG de défense des droits humains dont Amnesty International, Human Rights Watch et la FIDH. Quant aux cas de corruption, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’ancien locataire du palais Sékhoutouréyah pourrait s’en tirer les braies nettes. Quand on sait que ses anciens collaborateurs sont quasiment tous mis en examen pour détournement de deniers publics, blanchiment d’argent et complicité. Mais malgré toutes ces charges accablantes, la junte a jugé nécessaire de libérer le président Condé.

Une mauvaise nouvelle pour ces victimes, devenues Grosjean comme devant. Et sans surprise que nous avons assisté à la levée de boucliers provoquée par cette libération de l’ex président au sein du Fndc, « alors que des plaintes des familles des victimes de son régime sont pendantes devant la justice ».

Le Front se dit « très inquiet face à cette attitude de la junte, tout en s’interrogeant sur la volonté réelle du Cnrd de faire de la justice la boussole de la transition ». Cet avis est partagé par les détracteurs de l’ancien régime, qui, contrairement à l’extase provoquée par cette libération dans les rangs des militants de l’ancienne majorité présidentielle, ont vu plutôt rouge.

Certains observateurs pensent toutefois que la junte, ne pouvant se substituer à la justice, il ne lui revenait pas de décider du sort du « champion » du RPG arc-en-ciel. Et qu’il revenait dorénavant à la machine judiciaire de se mettre en branle, pour demander des comptes au monarque républicain déchu. Car il ne saurait comme tout citoyen, être au-dessus de la loi.

Mamadou Dian Baldé

 

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