Olivier Dubois est libre après
presque deux ans de captivité, et ce n’est pas un poisson d’avril, même si nous
sommes à moins de 10 jours du 1er du mois des canulars. Le désormais ex-otage
du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), où ils s’affrontent
souvent dans des combats à mort, après avoir transité par la capitale
nigérienne, Niamey, ce lundi, est arrivé en France où il a retrouvé, entre
autres, sa sœur, son père et ses amis, dans des retrouvailles torrides, le tout
sous les yeux d’un témoin oculaire comblé. En effet, le président français
Emmanuel Macron qui a joué sur des leviers discrets, avec la prudence d’un chef
indien sioux, était au pied de l’avion qui a ramené Olivier Dubois sur les
bords de la Seine, fatigué, mais sain et sauf. Et heureux de retrouver les
siens et surtout de respirer de nouveau l’air de la liberté.
C’était alors qu’il était à la
recherche de l’interview du siècle avec un chef terroriste que notre confrère
qui pigeait dans des canards comme Le Point, Libération et Jeune Afrique, s’est
retrouvé dans les filets du GSIM dont les combattants, avec ceux de l’Etat
islamique au Grand Sahara (EIGS), écument le Sahel. De chasseur d’infos,
Olivier Dubois était devenu, du coup, le scoop dont toute la presse et les
réseaux sociaux ont fait leur actu. Une journée noire pour la presse, car
renforçant les inquiétudes pour des journalistes qui n’ont toujours pas fini de
pleurer les assassinats de confrères, dont Ghislaine Dupont et Claude Verlon,
tombés le 2 novembre 2013, dans le sable brûlant de Kidal au Mali, sous les
balles chaudes des terroristes.
La journaliste française, grand
reporter de radio et son technicien étaient en pleine préparation d’une
émission spéciale de RFI sur «la crise dans le nord du Mali et la
réconciliation», lorsqu’ils ont été enlevés puis tués froidement par la suite,
par leurs ravisseurs. Du reste, ce double crime, qui a pris des airs d’affaire
d’Etat, garde encore ses aspects flous.
Bien des zones d’ombre planent
encore autour de cette libération de Olivier Dubois, remis en liberté en même
temps que l’humanitaire américain Jeffery Woodke qui lui, a passé plus de six
ans de captivité au Sahel. Le rôle indéniable et décisif joué par le président
nigérien Mohamed Bazoum dans le dénouement de cette affaire est connu. Tout
comme circulent des noms de personnes ressources qui ont contribué à cette
double libération. Des rançons ont-ils
été payés aux kidnappeurs pour qui cette source de financement est l’une des
plus fructueuses? Les otages ont-ils été échangés contre des terroristes faits
prisonniers? Mystère et boule de gomme pour le moment.
En tout cas, les autorités
nigériennes, notamment le président Mohamed Bazoum ont bien tiré leur épingle
du jeu. Car ils ont dû manœuvré en terrain hostile, la junte malienne, du fait
de son rapprochement très poussé avec la Russie, certains évoquent le groupe de
sécurité privée russe Wagner et du sentiment anti-occident très poussé
entretenu par certains sur les bords du Djoliba, ne devait pas voir d’un bon
œil ses négociations. A moins que les militaires au pouvoir aient trouvé leur
compte dans cette affaire!
Le séjour du secrétaire d’Etat
américain Anthony Blinken, qui était l’hôte des Nigériens le 16 mars, soit
quatre jours avant la libération de son compatriote Jeffery Woodke, n’a
probablement pas été un fait du hasard! Visiblement la machine de libération
des deux otages était déjà en marche et l’issue proche. En tout cas, le Niger,
la France et les Etats-Unis ont été des partenaires solides dans cette double
libération dans laquelle le président Mohamed Bazoum confirme l’étoffe prépondérante
qu’il prend dans la résolution des conflits, la lutte contre le terrorisme et
la paix en Afrique. Mieux, l’influence du président nigérien s’observe dans ses
efforts constants pour amener les Africains à s’unir contre l’adversité et pour
le développement.
Une fois de plus, avec la libération de celui qui est considéré comme le dernier otage français dans le monde et celle du captif américain, le Niger montre la voie, lui qui a opté de diversifier ses partenariats au développement et de lutte contre le terrorisme, sans mettre dehors, un seul partenaire, contrairement au Mali qui chasse à tout vent ces anciens «amis» pour s’amouracher de l’ours russe. La preuve est donc faite par le Niger qu’un leadership ne s’acquiert pas en ouvrant des fronts tous azimuts, qui finissent toujours par être fatals.
WS