Dans le procès relatif aux événements du 28 septembre 2009, le ministère public et les parties civiles peuvent s’estimer heureux, du moins à ce stade des débats. En effet, il n’existe pas une « une défense » mais » plusieurs défenses ».
En effet, les accusés, ayant des
intérêts opposés, ne peuvent pas avoir les mêmes avocats. Dès lors, il ne peut
pas y avoir une stratégie commune de défense. Chaque avocat ou collectif
d’avocats défend son client selon sa propre stratégie en tenant compte de
l’intérêt de ce dernier. Lorsqu’un accusé porte des accusations sur un
co-accusé, il faut s’attendre obligatoirement à ce que les avocats de ce
dernier s’emploient à anéantir les déclarations de son accusateur. Ils ne se
priveront bien sûr pas du plaisir d’enfoncer celui-ci.
Ainsi, le ministère public et les
parties civiles ne peuvent que tirer avantage des accusations des accusés les
uns contre les autres.
Mais est-ce à dire que les
accusations portées par un accusé contre un autre accusé constituent les seuls
moyens de preuve pour une éventuelle condamnation de ce dernier ? Absolument
pas.
Le procès pénal est assez sérieux
pour ne pas qu’un juge se contente d’une simple déclaration d’un accusé contre
un autre accusé pour entrer en condamnation, si ces accusations ne sont pas
appuyées par des éléments de preuve crédibles et discutés de manière
contradictoire par les différentes parties du procès.
Mais au fond, en ce qui concerne
le dossier lui-même, tout porte à croire que l’enquête préliminaire et
l’instruction préparatoire n’ont pas été à la hauteur. On n’ira pas jusqu’à
dire que ces deux phases ont été bâclées.
Mais les multiples insuffisances
que l’on constate peuvent avoir une partie de leur explication que dans la
faiblesse de l’enquête préliminaire et de l’instruction préparatoire.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier