Le double sommet de l'Union africaine de Malabo s'est terminé samedi 28
mai, au soir. Il y a une courte cérémonie de clôture, à l'issu du huis-clos des
chefs d'États, mais pas l'habituelle lecture de la déclaration et des décisions
prises par des chefs d'État. Ces documents sont parvenus à RFI ce 29 mai.
Finalement, aucune mesure
spectaculaire n'a été annoncée, mais il y a une volonté de mettre en
application de nombreuses mesures prises depuis longtemps et qui n’ont jamais
été mises en application. Les chefs d'États ont focalisé leur attention d'abord
sur le terrorisme, devenu aujourd'hui une menace existentielle pour une partie
de l'Afrique, et ils se sont voulus réalistes.
Malgré plusieurs initiatives sur
les plans militaire ou juridique, les chefs d'États ont reconnu que « le
terrorisme a continué à prospérer » sur le continent, « notamment parce que
nous n'honorons pas nos propres engagements ». C’est ce que déclare Moussa
Faki, qui donne l'exemple de la Force africaine en attente, qui n'est pas
encore fonctionnelle alors qu'elle devait voir le jour il y a 20 ans.
« Changements anticonstitutionnels de gouvernement »
Le deuxième sujet de
préoccupation du Sommet de Malabo, c’est ce que l'UA appelle « les changements
anticonstitutionnels de gouvernement », qui se sont multiplié ces derniers
temps en Afrique de l'Ouest, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso ou encore au
Tchad, au centre de l’Afrique.
Moussa Faki Mahamat n'a pas
également hésité à dénoncer « les coups d'État rampants » que sont « les
modifications de constitutions aux fins de confiscation du pouvoir », qui
peuvent conduire à « des coups d'État ou à des révoltes populaires ».
Nous saluons ces nouveaux
engagements, mais nous espérons que ce ne sont pas des vains mots comme par le
passé, sans une volonté réelle de les mettre en œuvre. Il n’y a pas tellement
de nouveau dans les décisions prises à Malabo. Ce qui est nouveau, c’est
l’aggravation de la situation sur le terrain et l’effet de contamination que
cela peut produire vers les autres pays, notamment les pays de la COS
[d’Afrique du Nord] et qui étaient jusqu’ici épargnés. Nous espérons qu’eu
égard de la situation, ces décisions ne soient pas traitées comme des décisions
d’antan, puisque déjà nous avions la convention de Lomé, nous avions la charte
pour la démocratie et les droits de l’homme qui existe, mais ce sont des
documents qui ne sont pas très observés. Et malheureusement, nous voyons ces
coups d’État revenir dans notre continent.
Sur ces deux sujets importants,
le Sommet a décidé de réactiver de nombreux mécanismes qui existent déjà sur le
papier, mais qui n'ont jamais été fonctionnels. Il s'agit par exemple du
sous-comité du Conseil paix et sécurité chargé de lutter contre le terrorisme
et contre les changements anticonstitutionnels du gouvernement, pourtant prévus
tous deux depuis 2010.
Les chefs d'État africains ont
endossé la déclaration d'Accra du 17 mars, qui établit de manière claire un
lien entre la mal gouvernance et les coups d'État, « un bon pas en avant, mais
pourvu que ça ne reste pas lettre morte comme souvent à l'UA », a commenté un
cadre de l'organisation.
Enfin, le sommet a appelé « au
retrait immédiat et inconditionnel des mercenaires étrangers du continent »
africain. Un clin d'œil sans doute aux paramilitaires russes du groupe Wagner,
présents notamment en Centrafrique et au Mali.
Avec Rfi